Faciliter la mémorisation en formation digitale grâce au « Chunking ».
« Il y a beaucoup d’informations, je ne vais pas pouvoir tout mémoriser ».
La mémoire joue un rôle essentiel dans le succès d’un dispositif de formation. Si nous n’avons pas tous la même capacité mémorielle, il existe aujourd’hui de nombreux outils pour nous aider à faciliter l’acquisition de nouvelles compétences ou de savoir-faire en formation digitale.
Mais avant tout, il faut comprendre les mécanismes de mémorisation pour pouvoir mieux appréhender les leviers de la mémoire.
La mémoire, comment ça marche ?
Notre cerveau a développé un processus de mémorisation bien réglé, qui permet de stocker seulement les informations qui nous sont nécessaires. Ce processus se compose de trois phases :
- L’encodage : le cerveau traduit l’information pour mieux se l’approprier
- Le stockage et la consolidation : il stocke l’information au bon endroit pour la retrouver facilement
- La récupération : il s’entraîne à aller chercher l’information pour qu’elle soit accessible lorsqu’il en aura besoin
Pour faciliter ce processus, le cerveau s’est équipé de deux types de mémoires.
- La mémoire à court terme ou « mémoire de travail » permet de ne retenir que les concepts importants mobilisables immédiatement. Elle a donc une capacité de stockage très limitée dans le temps.
- La mémoire à long terme prend le relais pour stocker correctement les informations retenues pas nécessaires au quotidien.
Le filtre de l’attention joue également un rôle fort dans la mémorisation en décidant des informations sur lesquelles le cerveau doit se concentrer. Retrouvez plus d’informations dans notre article dédié à l’attention !
Pour stimuler la mémoire, on peut utiliser des outils mnémotechniques, mais la méthode anglaise du « Chunking » permet d’aller un cran plus loin.
Le Chunking pour décomposer et mieux mémoriser !
Le Chunking, c’est l’art de regrouper les informations en blocs ou en morceaux pour favoriser la mémorisation. Le principe est simple : créer des regroupements en utilisant de nombreux processus accumulés afin de réduire la quantité d’informations à mémoriser.
C’est le psychologue Miller qui introduit le concept du Chunking dès les années 1956. Notre capacité cérébrale nous permettrait selon lui, de traiter environ sept chunks par concept ! On retrouve cette technique d’apprentissage dans les habitudes des joueurs d’échecs professionnels ou des sportifs de haut niveau.
Un exemple concret de Chunking : retenir les dix premières décimales de Pi
Saurez-vous capable de retenir les dix décimales du nombre Pi : 3.1415926535 ? Grâce aux chunks, c’est possible et facile à mémoriser !
D’abord, concentrez-vous sur les nombres que vous ne connaissez pas. Vous savez sans doute déjà que Pi équivaut à peu près à 3,14. Il faut donc mémoriser les 8 chiffres restants : 15926535. Notre cerveau peut retenir jusqu’à sept chunks différents.
- Choisissons d’en faire quatre pour simplifier l’exercice : 159-26-53-5.
- 159 est un modèle connu de l’Alfa Roméo.
- 26 est le nombre de lettres de l’alphabet.
- 53 est le département de la Mayenne.
- 5 est le nombre de chunks que nous avons créés pour se souvenir de Pi (3,14-159-26-53-5) !
Pour renforcer la mémorisation de cette séquence, on peut associer les chunks à des images, afin de donner un fil conducteur à notre pensée. Par exemple : un jeune homme avec un sweat sur lequel est annoté 3,14 conduit une Alfa Roméo (159) avec la lettre A à l’arrière (première des 26 lettres de l’alphabet) pour se rendre en Mayenne (53).
Voilà un exemple de Chunking à petite échelle qui permet de mémoriser de nouvelles informations ! Les chunks ne sont pas réservés aux mots ou aux suites de chiffres, ils peuvent également s’appliquer à l’échelle d’un concept entier et même d’une formation.
L’application concrète du « Chunking » en formation
Pour s’assurer de retenir un chunk, deux éléments sont fondamentaux :
- Créer du lien entre les chunks : scénariser une histoire ou associer des images mentales à chacun des morceaux.
- Réactiver ses chunks : mobiliser plusieurs fois la gymnastique mentale que l’on a créée autour du concept à retenir, afin de l’ancrer dans nos procédés cérébraux.
À l’échelle d’un concept, créer des chunks paraît relativement simple. La méthode s’avère pourtant un peu différente lorsque l’on change d’échelle.
4 astuces tirées du Chunking pour optimiser l’impact de vos formations digitales
1. Structurer au maximum vos contenus
En classe virtuelle ou dans vos modules e-learning, il est important de bien structurer son propos en ne projetant que l’essentiel ! Un concept par partie pour faciliter le tri d’informations que le cerveau va devoir effectuer. Rappelez-vous, mieux on comprend, plus on retient ! Exemple : un module e-learning structuré en 3 parties distinctes intégrant un concept à retenir par partie et une fiche mémo à chaque fin de séquence.
2. Générer des chunks avec les participants
Animer une discussion de groupe est un des meilleurs moyens pour accompagner les participants dans la création de chunks. Exemple : rechercher des idées clés ensemble, créer des liens autour de représentations communes qui parlent à tous.
3. Créer des associations mentales
Associer les concepts à des anecdotes où à une expérience déjà vécue par les apprenants leur permettra d’assimiler plus facilement les nouvelles informations ! Le storytelling des informations délivrées, si on le soigne, permettra de faire appel aux ressources cognitives de chacun qu’elles soient partagées ou individuelles. Exemple : associer à chaque mot clé une image, une couleur ou un émoji et les réutiliser fréquemment pour que le cerveau enregistre l’association.
4. Travailler autour d’un livrable en fin de séquence
Produire un livrable permet d’utiliser l’intelligence collective pour capitaliser sur tous les concepts vus et de mémoriser les notions clés. Exemple : demander à vos participants de produire une infographie, une fiche mémo ou un sketchnote pour les encourager à s’approprier les choses à leur manière, seuls ou en groupe !